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Des graviers dans la bouche
Des graviers dans la bouche
Et des clous dans le cœur,
J’ai des colèr’, des peurs
Sur des rêves farouches !
Quelques morceaux de verres écorchent par instant
La peau fragile encore de mon être naissant.
J’ai des instants de grâce, portée par le courant
D’une joie imprenable, d’un divin filament.
J’ai des failles pourtant entachées de blessures
Et d’un fardeau de peur de m’éloigner de moi.
Je marcherai encore, je marcherai bien sûr
Jusqu’au-delà des larmes et je me tiendrai là.
Quelle vague m’effraie ?
Quel obstacle me tient ?
J’irai jusqu’à demain ;
Devenir et créer !
Anabelle Laye Martinez
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Mourir en vie
Se retrouver un jour confronté à la mort,
Insoutenable peur, transpiration muette
D’un cœur qui se retient, ne donne ni ne prête
Qu’un souffle partagé parce qu’il en veut encore.
Encore et toujours plus, d’envie et de plaisir ;
Encore des certitudes, convictions rassurées,
Epurées de la crainte. Et l’angoisse accrochée
Qui longe tous les songes, faisant l’amour au pire
Dans le meilleur des cas ; et chacune des nuits
S’effondrant sous des rêves étouffés et honteux
D’avoir peur de donner, d’ouvrir un peu les cieux.
L’angoisse à bout de doigts, l’effroi à bout de cris !
Se retrouver un jour confronté à la mort
En ayant oublié de vivre encore un peu.
En ayant retenu que le trop, le trop peu
Sans accueillir le Tout et en soi : le Trésor…
Anabelle Laye Martinez
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Le sonnet des drapeaux en berne
Les drapeaux sont en berne, sous les cieux immobiles,
Sous des étoiles sourdes à nos gémissements,
Des angelots frileux aux grincements de dents.
La vie s’est arrêtée, suspendue à un fil…
Et le fil de la vie s’est rompu quelque part
Entre l’enfer et nous, la peur et la folie.
Assis au bord du monde, le divin pleure et prie
Sur des poignets d’humains qui détruisent son art.
En restera t-il un pour leur montrer la voie ?
Mais quand bien même, alors, il irait aux arènes
Dévoré par les cris, de dénoncer la haine.
En reste-il un seul pour aimer toi et moi
Jusqu’à devenir fou d’avoir pu croire encore,
Alors que dans leurs tombes, soupirent tous ces morts ?
…
Anabelle Laye Martinez
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