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L'abandon
L’abandon
Sur le quai d’une gare aux longs couloirs grisés,
J’attendais terrifiée, accrochée à ce banc
La venue d’un parent qui m’avait oublié.
Mon cœur gardait l’espoir malgré le cri troublant
De l’angoisse montante en mon âme envahie
Des spasmes contenus dans mon gros manteau blanc.
Les poings fermés, je tais en moi cette agonie
De ne jamais revoir une lueur d’espoir.
Mes larmes ont joint mes mains ; silencieuse je prie.
Mais ma prière s’enfuit ! Pas le temps de la voir
S’élançait au ciel gris ; le train crasseux s’avance.
Mes pieds nus sans racine ont cru l’apercevoir
Sur la terre fragile, la mère qui s’avance
Et saisit son enfant, le berce et le rassure
De son retard cruel. Et le train noir s’élance
A la suite d’une ombre vêtue de ces parures
Que porte l’abandon lorsqu’il se fait discret,
Ne laissant nulle adresse, juste une égratignure,
Une plaie gigantesque, le fardeau d’un passé
Accroché à jamais aux regards de ces anges
Bannis des cieux d’amour que des parents auraient
Pu créer tel un dieu ! J’ai l’impression étrange
Qu’un souffle me regarde alors que je me lève
Pour traverser le quai. Une voix me dérange,
Je m’arrête et me tourne. Un sourire à ses lèvres,
Mon père appelle encore, fait signe de la main
Puis disparaît soudain ; je m’éveille d’un rêve !
Amère et sans couleur, je dessine un demain
De mes doigts engourdis ; solitaires, frileux.
Je n’ai de direction que celle de ce train
Entré en gare. Un chef nous indique les cieux.
Anabelle Laye Martinez
16 mars 2011
extrait du recueil "L'arbre aux sens"
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Tags : abandon, quai, gare, attente, terrifiée, couloir, chef, cri, angoisse, enfant, attente, ombre, adresse, sourire, père, anabelle, poésie
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Commentaires
Tres beau et tres touchant