• Les p’tits paniers

     

     

    Au marché ce matin, à vos bras colorés, j’ai vu pendre légers, quelques paniers fleuris, tout aussi colorés. Malgré le froid d’hiver sous un ciel couvert, le sourire était là, comme suspendu à nos bras.

    Le parfum des fromages venus de nos montagnes, celui d’une volaille grésillant lentement, quelques fruits et légumes aux teintes de saison, moi j’y vois l’essentiel placé sous le regard hautain mais bienveillant, de l’église communale.

    L’essentiel ou, devrais-je dire l’essence ciel, était là, balançant sous nos yeux aveuglés par instant …

    Au bras de cette dame, un panier neuf et rouge, renfermait quelques œufs. Un frêle sourire éclaire son visage rayonnant et ridé face à la jeune femme qui lui rend la monnaie.

    Dans l’envers du décor, cette femme abattue traîne sa solitude depuis l’été dernier. Son mari s’est éteint et repose non loin, à l’autre bout du bourg. Toute une éternité les sépare déjà. Combien de fois pourtant a-t-elle versé de larmes sur son grand lit bien fait ? Tous les 5 du mois, elle lui fait son repas, celui qu’il aimait tant … Le « 5 », voyez vous, c’était le jour de paye, alors quand même, on peut bien fêter ça ! Mais nul ne vient partager ce temps du souvenir, et ce matin pourtant, son marché est fidèle : poulet rôti aux herbes et ses oignons confits sur lit de haricots, et deux pommes dorées au four pour le dessert. En ce 5 février, elle entretien l’amour.

     

    Face à elle un viel homme se cramponne au panier écorché, tout usé d’avoir tant transporté. Son outre à lui est pleine des vapeurs de souffrances. Ca fait longtemps déjà que ses pâles racines ont été ravagées par la colère ardente d’un frère trop belliqueux. Il est seul et pourtant, il aime à nous revoir, nous les gens du village. Il ne vous dira rien de ce qui fait souffrir, mais il nous dit « bonjour », car c’est bien là son souhait. Il appelle sans fin ce jour pour qu’il soit bon, mais la fin tarde un peu et l’abîme s’étend alors que se dessèche tout espoir de revoir celui qui fait son sang.

    L’homme est vieux, il est sec mais à son bras s’agite, un panier défraîchi, fidèle souvenir de ces jours entassés comme autant de lingots qu’on enferme avec soin en attendant qu’un jour, le cours de l’or enfin explose …

     

    Des paniers en tous genre ; certains bien prétentieux par leur taille grotesque, que l’on garni tout  juste d’une ou deux poires au mieux. D’autres simples et utiles, précieux alliés du temps qui ne change jamais. Chacun berce avec lui l’espoir d’un jour meilleur. Chaque visage ici porte des traces épaisses du soleil qui brunit la peau durant l’été, et du vent fou souvent qui s’infiltre partout. Toi là bas, comme moi, tu amènes au marché, ton brin d’humanité qui, s’ajoutant au mien et celui de chacun, forme un bouquet unique aux parfums si subtils.

     

    L’essentiel était là, ce matin sous l’église. Quelques gens, des sourires, des histoires bien cachées, des souvenirs connus et partagés comme ça, en attendant son tour pour acheter son pain. Chacun connaît le nom de celui qui s’en va, rentrant chez lui tout seul, maintenant son panier pressé contre son cœur ; son panier coloré.

     

     

     

    Anabelle Laye Martinez

    1er février 2013

    « Comme toi & moi »

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  • G -              Sens et vie

     

     

    Il est six heures du mat’, mon réveil a sonné.

    Heureux j’ouvre les yeux et découvre le jour.

    Je caresse l’espoir de transmettre à mon tour

    Quelques brins de lumière au cœur des vies croisées.

     

    Dans ma salle de cours, nombreux sont les absents.

    Rendez-vous oubliés, fuis ou bien rejetés,

    Où es-tu ce matin ? Es tu resté couché

    Abattu par tes peurs, bouffé par le tourment ?

     

    J’irai jusque chez toi, je saurai te trouver !

    Je viendrai en ami te partager ma foi

    En un monde existant qui nous veut, toit et moi.

    Nul ne remplacera ce que tu dois jouer !

     

    Tu as ton texte à toi et ton rôle à trouver.

    Sors de ton lit et viens, prends place dans la vie.

    D’autres ont cru avant toi que tout était fini,

    Et le temps tourne encore, rien ne peut l’arrêter.

     

    Aucun ne pourra faire ce que tu dois mener,

    Et ta mission à toi, c’est d’apporter la vie

    Sur un terrain miné. N’entends-tu pas le cri

    Des plus faibles que toi ? Va les réconforter !

     

    Va ouvrir tes volets, invente un lendemain …

     

     

    Anabelle Laye Martinez

    extrait de "A dos les sens" en vente sur la Fnac :

    http://livre.fnac.com/a6743524/Anabelle-Laye-Martinez-A-dos-les-sens-le-temps-des-sens-en-vrac

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    6 commentaires
  • Pour ceux qui préfèrent et pour les curieux qui veulent entendre la différence,

    voici "anonyme" version audio sur un morceau de piano intitulé "Pierre", de Hicham Chahidi, extrait du site www.musicscreen.be.

     

     

    Bonne écoute et, n'hésitez pas à laisser vos commentaires ...

     

     

    Anabelle

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    14 commentaires
  • Anonyme

     

     

     

    Ce matin de novembre, au kiosque de la rue

    Il y avait la guerre, le feu, les faits divers,

    Mais pas un mot pour toi, étendue sur la terre ;

    Pourtant tu pleures encore, quand tout a disparu.

     

    Ce matin, ni ton nom

    Ni le mien à la une.

    Ni regret, ni pardon

    Pour Pierrot sur sa lune

    Alors que mille étoiles

    Sont tombées sur la nuit

    Accueillants les soupirs

    D’un homme qui met les voiles …

     

    Ce matin pas d’image

    A la femme qui crie

    Courageuse, sans bruit

    Pendant que lui dégage

    Sa valise sur le coeur

    Et son cœur à la main,

    Laissant des cœurs en pleurs

    Sur un revers de main …

     

    Ce matin anonyme,

    Je l’ai écrit pour toi

    Pour qu’il ne s’oublie pas ;

    Pour que ton patronyme

    S’inscrive dans la vie

    De ceux qui vivent un peu

    Sous ce bout de ciel bleu

    Dont les cieux sont en vie.

     

     

    Anabelle Laye Martinez

    20 mai 2013

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  • Aux douces mains d’un leurre

     

     

     

    L’homme souffre, et se frappe

    D’avoir donné son cœur

    Aux douces mains d’un leurre,

    Que plus rien ne rattrape.

     

     

    L’homme pleure en secret

    Sur son grand lit défait ;

    Souvenirs mordorés

    D’un cœur mort, adoré.

     

    La silhouette nue

    D’un ange dévêtu

    S’esquive à son regard ;

    Toi tu rentres, et elle part …

     

    Il jouait la confiance

    Dont la règle est unique :

    Pas de nique ni d’arnaque,

    Pas de claque, ni de pic.

    La porte s’ouvre et claque

    Sur un fracas d’absence !

     

    Vole en éclat le verre

    Qui me cachait ton jeu.

    Je bois un verre ou deux

    Aux jeux de jambes en l’air

    Recalés aux débris

    D’une âme solitaire.

    J’aurais donné ma vie …

     

     

     

    Anabelle Laye Martinez

    13 mai 2013

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