•  Raisin amer

     

    La nuit s’étire encore sans jamais s’alléger.

    Les dents serrées, féroces, des vents durs, mortels

    S’accrochent à mes pieds ; je chute sans arrêt.

    Je ne distingue plus ni la terre ni le ciel 

    Et la boue qui recouvre mon âme en lambeaux…

    On a ferré ma bouche à des sangles d’amour

    D’où coulent la passion, raisin amer ; étau

    Sur ma voix qui s’éteint sans soutien ni secours.

    Des lianes de douleur ont refermé mes yeux

    Et crevé mes paupières. L’envers du décor

    Est un champ labouré, exposé aux adieux

    D’un été trop aride, des chasses sans trésor.

     

     il y a des jours comme ça..

     

     

    Anabelle Laye Martinez

     

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  • J’avais fermé les yeux

     

    J’avais fermé les yeux sur le temps qui s’étire.

    J’en avais oublié les rayons du soleil

    Sur un corsage ouvert et le bleuté d’un ciel

    Eternel amoureux de la vie, de ses rires.

     

    J’avais fermé mon cœur sur le jour qui se lève,

    A l’amour qui me tisse et froisse mes ancrages,

    Les frissons sur mon corps et ma peau d’enfant sage.

    J’en aurais oublié que la vie ne s’achève

     

    Que si le cœur s’éteint.

     

    Anabelle Laye Martinez

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  • Ne jamais renoncer !

     

    Ne jamais renoncer !

    M’éveiller au matin sur un rocher tranchant ;

    Me lacérer le cœur avant mêm' de marcher

    Sur une peur, un manque, le non-sens à l’instant

    Qui s’offre devant moi, s’étire sans arrêt.

     

    Ne jamais renoncer !

    N’être rien que des larmes un matin tout entier ;

    Avoir froid dans le dos et le cœur en tourment 

    Un instant sans dessous, par-dessus tout : rester

    En éveil et sur pieds, même à genoux, courbée.

     

    Ne jamais renoncer !

    N’être rien que prière, espérance attirée

    Par un soleil muet de nuages et de vent.

    N’attendre rien qu’un tout, être enfin unifiée ;

    A genoux ou debout mais être enfin vivant…

     

    Anabelle Laye Martinez

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  • Terre aride, secrète

     

    Terre aride, déserte et plaine verdoyante

    S’embrassent un instant, se perdent, se retrouvent

    Au hasard d’un regard sur un lien qui s’entrouvre ;

    Sur un sentier de pierres aux arêtes tranchantes.

     

    Dans ce ruisseau les vagues sont soumises à un choix :

    Partiront-elles à l’est, au doux soleil levant 

    Des rêves endormis que rien n’éteint pourtant ?

    Iront-elles se jeter sous un soleil brûlant

    Les peaux, chairs reliées par le feu d’un serment ?

    La vague est au ruisseau ce qu’un jour est pour moi…

     

    Terre aride, secrète où la vie prend naissance,

    Jaillira de tes terres un joyau ; et un jour,

    Ne désespère pas de voir vaincre l’Amour.

    Et les cieux s’ouvriront sur le doute et le sens…

     

    Anabelle Laye Martinez

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  • Et la vie se dessine…

     

    Le destin s’est joué sur un battement d’yeux,

    Un battement de cil, un vol à tire d’ailes ;

    Et je n’ai rien pu faire. Déchirement cruel

    Sur une âme qu’on tue sous la prison d’un dieu

    Qu’on aura façonné sur des doutes, des peurs ;

    Face à tous ces géants que l’on ne nomme pas ;

    A la vie qui prend feu au détour d’un regard,

    Au désir qu’on éteint sous les mensonges pieux

    Et ces mots retenus, au silence et, au mieux,

    Au souffle qu’on retient jusqu’au bout du chemin…

     

    J’ai marché un instant le long de mon rivage.

    J’y ai vu le désir qui consumait mon corps.

    J’ai caressé le feu que je n’éteindrai pas ;

    Embrassé à m’y perdre la vie, l’amour encore,

    Le délice à sentir ce qui s’écoule en moi;

    Que jamais rien n’arrête un torrent qui s’éveille !

    J’ai croisé en chemin la passion d’exister

    Et je brûle à vous dire le monde, ses merveilles,

    Le divin au-delà de toutes éternités !

     

    D’un battement de cil, et la vie se dessine…

     

     

    Anabelle Laye Martinez

     

     

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